Neuroleptiques : l'essentiel à savoir

🧠 Effets secondaires des neuroleptiques (antipsychotiques)

Les neuroleptiques agissent principalement sur les récepteurs dopaminergiques, mais aussi sur les récepteurs sérotoninergiques, histaminiques, muscariniques et adrénergiques. De ce fait, leur iatrogénie est polymorphe, et doit être surveillée attentivement.

⚠️ 1. Effets extra-pyramidaux (liés à la voie nigro-striée)

Fréquents avec les neuroleptiques typiques (halopéridol, loxapine), mais aussi présents avec certains atypiques à forte dose.

• Syndrome parkinsonien : tremblement de repos, akinésie, rigidité.

• Dystonies aiguës : contractions musculaires toniques (oculogyres, trismus…).

• Akathisie : besoin irrépressible de bouger, agitation motrice.

• Dyskinésies tardives : mouvements involontaires oro-faciaux, parfois irréversibles.

🛠️ Traitement :

• Réduction ou arrêt du neuroleptique si possible.

• Introduction d’un anticholinergique central (trihexyphénidyle = Artane®, tropatepine = Lepticur(r)).

• Pour l'akathisie : benzodiazépine ou bêta-bloquant (propranolol).

• Surveillance prolongée pour les dyskinésies tardives.

🩸 2. Effets métaboliques (notamment avec les atypiques : olanzapine, clozapine)

• Prise de poids

• Hyperglycémie / diabète

• Dyslipidémie

🛠️ Traitement :

• Surveillance régulière : poids, IMC, bilan lipidique et glycémique.

• Mesures hygiéno-diététiques, traitement métabolique si nécessaire.

• Changer de molécule si l’effet est trop délétère.

❤️ 3. Effets cardiovasculaires

• Allongement du QT (mesure sur l'ECG) → risque de torsades de pointe.

• Hypotension orthostatique

• Tachycardie

🛠️ Traitement :

• ECG de base avant traitement, puis à adapter selon la molécule et le terrain.

• Éviter les associations à risque (macrolides, antidépresseurs tricycliques…).

• Surveillance électrolytique.

🧪 4. Effets endocriniens (voie tubéro-infundibulaire)

• Hyperprolactinémie : aménorrhée, galactorrhée, gynécomastie, baisse de libido.

• Troubles menstruels, ostéopénie à long terme.

  
  

🛠️ Traitement :

• Surveillance de la prolactine.

• Réduction posologique, switch vers un antipsychotique moins hyperprolactinémiant (aripiprazole).

🔥 5. Autres effets

• Sédation (effet antihistaminique)

• Effets anticholinergiques : bouche sèche, constipation, rétention urinaire, confusion.

• Réactions allergiques ou dermatologiques (rarement graves).

• Élévation des transaminases, cholestase.

• Agranulocytose (clozapine : surveillance hebdomadaire initialement).

• Sensibilité au soleil : limiter l'exposition au soleil, portez une protection UV de qualité

🚨 Situations d’urgence à connaître et conduite à tenir

⛔ Syndrome malin des neuroleptiques (SMN)

Urgence vitale rare mais grave.

Clinique : hyperthermie > 38,5°C, rigidité généralisée, altération de la conscience, sueurs, tachycardie, élévation des CPK, parfois insuffisance rénale.

Diagnostique Différentiel : sevrage, infection, syndrome catatonique.

🛠️ Conduite à tenir :

• Arrêt immédiat du neuroleptique.

• Hospitalisation en urgence (souvent en réa).

• Réhydratation, correction des troubles électrolytiques.

• Dantrolène (myorelaxant), bromocriptine (agoniste dopaminergique).

  
  

  ⚡ Torsades de pointe / troubles du rythme cardiaque

• ECG : allongement du QT > 500 ms

• Palpitations, syncope, arrêt cardiaque

🛠️ Conduite à tenir :

• Arrêt du médicament responsable

• Hospitalisation, magnésium IV, isoprénaline ou stimulation cardiaque en cas de récidive

😵 Syndrome confusionnel ou anticholinergique aigu

• Surdosage ou terrain fragile (personne âgée)

• Troubles cognitifs, hallucinations, agitation, mydriase, rétention urinaire

🛠️ Conduite à tenir :

• Arrêt ou réduction du traitement

• Hydratation, correction des troubles métaboliques

• En cas de forme grave : hospitalisation en médecine aiguë ou psychiatrie

✅ Conclusion

Les neuroleptiques sont des traitements puissants et essentiels, mais leur iatrogénie est complexe et multifactorielle.

Une vigilance clinique, biologique et électrocardiographique est indispensable.

La prise en charge des effets indésirables repose sur :

✔ une bonne connaissance des profils pharmacologiques,

✔ un suivi régulier,

✔ et une réactivité adaptée en cas d’effet indésirable sévère.